Excellente journée : avec une ancienne assistante, Aedea, venue me rendre visite (pour obtenir un financement et mon patronage à ses recherches peu troublantes sur les Maires du Palais du siècle dernier), nous avons fait le circuit des terrasses supérieures, à plusieurs centaines de mètres au dessus du niveau de la mer. Admirablement arborés - la Paysagiste actuelle a fait un excellent travail, avec le Décorateur. Certaines sculptures et bas-relief sont superbes - je dois rencontrer l'artiste.
Quels mots pour souligner cette journée?
Brise, feuillage (s'il est agité par la brise, bien sûr), rosiers, tonnelles, patios, ocre, ancêtres (ou leurs statues), arbustes ornementaux, thermes (ceux d'un grand-oncle, sous les terrasses supérieures).
Certaines journées valent la peine. J'ai été dehors tout le temps, j'ai aimmé cela - même si je soupire un peu après ma chambre et mes rideaux.
Ce qui me menque, au final, c'est une raison de sortir.
samedi 21 avril 2007
lundi 16 avril 2007
Belle journée
Aujourd'hui sur la terrasse dite des Lions, construite par un ancêtre légèrement mégalomane, déjeuner avec mon frère, très courtois. Sous une tonnelle arborée, servis par les domestiques de mon frère -il se garde ceux qui lui conviennent : muets, rapides, efficaces-, nappe blanche, service de table aux armes de la famille, fleurs aux alentours, draperies lègères pour nous protéger du soleil et des feuilles des arbres. Il s'est intéressé à mes recherches - je sais pourtant qu'elles le dérangent un peu, ou l'agacent, et j'envisage de les noyer dans d'autres (je fais la biographie des membres "oubliés" de la famille, avec lesquels je me sens de grandes accointances, parmi eux artistes, fous ou pseudo-fous et deux rebelles).
Mon cher frère est habile. Il ne néglige aucun de nous. Sa femme n'était pas là, nous nous détestons, ni sa meillure amie, nous nous détestons aussi mais différemment.
Il sait qu'il ne peut me contraindre, mais il sait que je suis enfermée dans ma tour et que ce n'est pas par lui. Je ne me mettrai pas à chanter ses louanges, mais que va-t-il craindre de moi?Il se moque un peu.
Il n'a fait aucune allusion à mes sorties secrètes. Je crois qu'il les ignore.
Après son départ, la table enlevée, j'ai dormi allongée sur un hamac, à l'abri des draperies, puis quand la lumière a décliné, le soleil disparaissant au loin sur la mer, j'ai fait deux heures de sport, le Médecin m'ayant envoyé le coach.
C'était l'heure où les oiseaux chantent, en fin de journée, dans les buissons de la terrasse des Lions.
Je suis redescendue ensuite, par les galeries extérieures et les escaliers enchevêtrés, de ce côté-là, comme un labyrinthe. Par moment le vent se faisait violent, s'engouffrant dans les galeries, jonchées de rameaux détachés des arbres ornementaux, et de sable. Mon cher frère ferait bien de sortir de ses routes habituelles dans le palais, car les serviteurs ne sont pas tous aussi performant que les siens.
Au détour d'une galerie courbe, ma vue a plongé, de haut, sur la ville, minuscules personnages s'agitant indescriptiblement. Accoudée à la balustrade, je me suis penchée et j'ai regardé. Si j'osais, j'irai vivre leur vie quelque temps.
Puis je suis retournée dans ma chambre où j'ai soupé légèrement, et travaillé pour rattraper mon retard de l'après-midi. Ce petit bouleversement m'a fatigué.Il ne fait aucun doute que je gagnerai à mener une vie plus active. Mais tout ma fatigue. A quoi bon?
Mon cher frère est habile. Il ne néglige aucun de nous. Sa femme n'était pas là, nous nous détestons, ni sa meillure amie, nous nous détestons aussi mais différemment.
Il sait qu'il ne peut me contraindre, mais il sait que je suis enfermée dans ma tour et que ce n'est pas par lui. Je ne me mettrai pas à chanter ses louanges, mais que va-t-il craindre de moi?Il se moque un peu.
Il n'a fait aucune allusion à mes sorties secrètes. Je crois qu'il les ignore.
Après son départ, la table enlevée, j'ai dormi allongée sur un hamac, à l'abri des draperies, puis quand la lumière a décliné, le soleil disparaissant au loin sur la mer, j'ai fait deux heures de sport, le Médecin m'ayant envoyé le coach.
C'était l'heure où les oiseaux chantent, en fin de journée, dans les buissons de la terrasse des Lions.
Je suis redescendue ensuite, par les galeries extérieures et les escaliers enchevêtrés, de ce côté-là, comme un labyrinthe. Par moment le vent se faisait violent, s'engouffrant dans les galeries, jonchées de rameaux détachés des arbres ornementaux, et de sable. Mon cher frère ferait bien de sortir de ses routes habituelles dans le palais, car les serviteurs ne sont pas tous aussi performant que les siens.
Au détour d'une galerie courbe, ma vue a plongé, de haut, sur la ville, minuscules personnages s'agitant indescriptiblement. Accoudée à la balustrade, je me suis penchée et j'ai regardé. Si j'osais, j'irai vivre leur vie quelque temps.
Puis je suis retournée dans ma chambre où j'ai soupé légèrement, et travaillé pour rattraper mon retard de l'après-midi. Ce petit bouleversement m'a fatigué.Il ne fait aucun doute que je gagnerai à mener une vie plus active. Mais tout ma fatigue. A quoi bon?
dimanche 15 avril 2007
Lumière
Assise au bord du rayon de lumière qui traverse obliquement la chambre, j'essaie d'écouter le silence nombreux qui vient de la ville, en bas. Le matin, on me sert du thé vert et des petits gâteaux sucrés à la vanille ou à la cannelle, comme les préparait ma nourrice qui n'est plus et que je regrette plus que tout au monde.
Il y aurait certes beaucoup à dire sur ces heures perdues et je le dirai peut-être. Je n'aime pas penser à ces moments, pourtant j'aime voir la lumière entrer et traverser la pièce sans m'effleurer, à ma recherche peut-être, tandis que je la regarde.
Après que le soleil ait tourné, je prends une collation et je travaille souvent; j'étudie; certains me rendent visite parfois.
Je sors pour prendre de l'exercice comme le recommande le Médecin, généralement sur les terrasses ombragées des étages supérieurs, parfois sur celles du bas; parfois je sors accompagnée dans la ville, tout en bas, lors des cérémonies obligatoires, mais parfois, surtout, en secret, dissimulée. J'ai vu le port, les bars, les parcs aménagés par mon père, les rues, les marchés. Le peuple d'en bas est parfois pâle, furtif, mais aussi parfois rempli d'une force étrange.
Ces sorties sont rares; on est mieux en haut.
L'après-midi, on écarte les tentures de velours et seuls les rideaux de gaze sont agités par le vent perpétuel, doux et parfumé, qui balaie l'île. Je travaille durant ces heures. Ce sont les meilleures heures de mes journées.
Ordinairement je parle peu; à quoi bon?
Il y aurait certes beaucoup à dire sur ces heures perdues et je le dirai peut-être. Je n'aime pas penser à ces moments, pourtant j'aime voir la lumière entrer et traverser la pièce sans m'effleurer, à ma recherche peut-être, tandis que je la regarde.
Après que le soleil ait tourné, je prends une collation et je travaille souvent; j'étudie; certains me rendent visite parfois.
Je sors pour prendre de l'exercice comme le recommande le Médecin, généralement sur les terrasses ombragées des étages supérieurs, parfois sur celles du bas; parfois je sors accompagnée dans la ville, tout en bas, lors des cérémonies obligatoires, mais parfois, surtout, en secret, dissimulée. J'ai vu le port, les bars, les parcs aménagés par mon père, les rues, les marchés. Le peuple d'en bas est parfois pâle, furtif, mais aussi parfois rempli d'une force étrange.
Ces sorties sont rares; on est mieux en haut.
L'après-midi, on écarte les tentures de velours et seuls les rideaux de gaze sont agités par le vent perpétuel, doux et parfumé, qui balaie l'île. Je travaille durant ces heures. Ce sont les meilleures heures de mes journées.
Ordinairement je parle peu; à quoi bon?
samedi 14 avril 2007
Interrogation
Au matin, le brouillard se dissipe tardivement, chassé par le soleil lorsqu'il finit par franchir les montagnes.
Au loin, du balcon, on peut voit l'eau miroiter à l'infini. Qu'y a-t-il au delà?
Très vite je referme les rideaux, seul un mince rayon de lumière éblouissante passe au travers des velours épais, ma chambre demeure dans la pénombre.
A ces étages, la rumeur de la ville en bas ne me parvient qu'assourdie, et parfois pas, selon la direction des vents.
Quand les servantes ont fait le lit et la chambre, quand on m'a habillée, je reste sur le fauteuil qui était celui de ma tante, près de la fenêtre, me gardant de la lumière, mais non loin de la large bande lumineuse. Ces heures ne me plaisent pas; puis le soleil tourne, je fais ouvrir les rideaux et je sors parfois sur le balcon.
Il me semble ne pas avoir fait le bon choix. Que dois-je faire?
Au loin, du balcon, on peut voit l'eau miroiter à l'infini. Qu'y a-t-il au delà?
Très vite je referme les rideaux, seul un mince rayon de lumière éblouissante passe au travers des velours épais, ma chambre demeure dans la pénombre.
A ces étages, la rumeur de la ville en bas ne me parvient qu'assourdie, et parfois pas, selon la direction des vents.
Quand les servantes ont fait le lit et la chambre, quand on m'a habillée, je reste sur le fauteuil qui était celui de ma tante, près de la fenêtre, me gardant de la lumière, mais non loin de la large bande lumineuse. Ces heures ne me plaisent pas; puis le soleil tourne, je fais ouvrir les rideaux et je sors parfois sur le balcon.
Il me semble ne pas avoir fait le bon choix. Que dois-je faire?
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