lundi 16 avril 2007

Belle journée

Aujourd'hui sur la terrasse dite des Lions, construite par un ancêtre légèrement mégalomane, déjeuner avec mon frère, très courtois. Sous une tonnelle arborée, servis par les domestiques de mon frère -il se garde ceux qui lui conviennent : muets, rapides, efficaces-, nappe blanche, service de table aux armes de la famille, fleurs aux alentours, draperies lègères pour nous protéger du soleil et des feuilles des arbres. Il s'est intéressé à mes recherches - je sais pourtant qu'elles le dérangent un peu, ou l'agacent, et j'envisage de les noyer dans d'autres (je fais la biographie des membres "oubliés" de la famille, avec lesquels je me sens de grandes accointances, parmi eux artistes, fous ou pseudo-fous et deux rebelles).
Mon cher frère est habile. Il ne néglige aucun de nous. Sa femme n'était pas là, nous nous détestons, ni sa meillure amie, nous nous détestons aussi mais différemment.
Il sait qu'il ne peut me contraindre, mais il sait que je suis enfermée dans ma tour et que ce n'est pas par lui. Je ne me mettrai pas à chanter ses louanges, mais que va-t-il craindre de moi?Il se moque un peu.
Il n'a fait aucune allusion à mes sorties secrètes. Je crois qu'il les ignore.
Après son départ, la table enlevée, j'ai dormi allongée sur un hamac, à l'abri des draperies, puis quand la lumière a décliné, le soleil disparaissant au loin sur la mer, j'ai fait deux heures de sport, le Médecin m'ayant envoyé le coach.
C'était l'heure où les oiseaux chantent, en fin de journée, dans les buissons de la terrasse des Lions.
Je suis redescendue ensuite, par les galeries extérieures et les escaliers enchevêtrés, de ce côté-là, comme un labyrinthe. Par moment le vent se faisait violent, s'engouffrant dans les galeries, jonchées de rameaux détachés des arbres ornementaux, et de sable. Mon cher frère ferait bien de sortir de ses routes habituelles dans le palais, car les serviteurs ne sont pas tous aussi performant que les siens.
Au détour d'une galerie courbe, ma vue a plongé, de haut, sur la ville, minuscules personnages s'agitant indescriptiblement. Accoudée à la balustrade, je me suis penchée et j'ai regardé. Si j'osais, j'irai vivre leur vie quelque temps.
Puis je suis retournée dans ma chambre où j'ai soupé légèrement, et travaillé pour rattraper mon retard de l'après-midi. Ce petit bouleversement m'a fatigué.Il ne fait aucun doute que je gagnerai à mener une vie plus active. Mais tout ma fatigue. A quoi bon?

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