mercredi 9 mai 2007

Attente

Ai-je dit que la ville sentait mauvais? Mauvaise humeur... Depuis une semaine je ne peux plus me concentrer. Tôt le matin, je descends en ville, je sors par les couloirs et les tunnels, ceux qu'on n'entretiens plus, ceux où nous jouions, avec Crisée entre autre, il y a belle lurette.
Je me laisserai volontiers aller à la tristesse. J'ai même un peu pleuré, l'autre jour, dans un couloir, en me souvenant de nos jeux. Mais sans laissé aller - trop impatiente, je sors et vais et viens avec frénésie.
Les lieux du futur rendez-vous me sont connus, il me semble avoir détecté dans le quartier, les docks, bien entendu, toute ma jeunesse, si je puis dire, en tout cas celle de Crisée et de Sura, une activité suspecte.
De nouveaux exaltés? Ou un piège de Sura? Il n'en a jamais eu l'idée, ce qui me surprend. Je le vois bien pourtant jouant de la surenchère démagogique.
Qui a organisé ce rendez-vous. Aenae a disparu, et je ne lui demanderai aucun renseignement.
En ville, j'ai gouté aux caboulots, aux cafés. Les ruelles sont sales, le sol glissant, les chemins abrupts. Les marchés puent, mais le pain y est bon.
Je reviens en fin de matinée, il ne me reste que peu de temps pour profiter de mes heures de pénombre avec le soleil en face. Je reste longtemps à lire, dans l'après-midi, sur la terrasse désertée par le soleil.
Nous avons une cérémonie officielle demain. Je déteste cela. J'irai, naturellement. Je ne résiste pas au plaisir de paraître devant ma belle-soeur, toute épouse de notre roi, mais de moindre noblesse, et sur le même rang que moi lors des cérémonies; elle enrage de me voir à ses côtés. C'est un de mes plaisirs. La plupart des princes et des patriciens me sont connus, depuis plus longtemps qu'elle. Et je dois à mes activités passées un vague respect, que cette sotte n'a pas. L'autre, la maîtresse de mon frère, aurait plus de caractère. Mais roturière, elle est perdue dans la foule, et je sais qu'elle s'en moque. Il n'y a aucun plaisir à devancer, dans ces activités superficielles et vaines, une personne qui n'y attache aucune importance. Mais agacer ma belle-soeur est une petite joie.

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