samedi 26 mai 2007

La salle de sport

Quid, me dira-t-on, de la salle de sport.
Eh bien, l'après midi, nous avons à la palestre tout le gratin.
Si nous ne l'avons pas en intégralité, nous en avons quelques beaux spécimens.
A commencer par la gamme changeante, variée et inestimable de mes belles-soeurs.
A l'exception d'une seule, elles me détestent toutes, sentiment dont l'inconfort s'est mué peu à peu en une solide tranquillité.
Ma première belle soeur est la reine, naturellement, l'épouse de mon frère Iliu Soutine. La pauvre n'est pas très jolie et souffre de nombreuses petites imperfections, ce dont elle souffre beaucoup. Cheveux fins et clairsemés, tendance à l'embonpoint abdominal (familial - elle déteste regarder sa mère), elle manque de confiance en elle et n'est ni très intelligente, ni très artiste, ni très patiente, ni très admirée, ni très admirable. Le genre de reine qu'on oubliera vite. Elle est d'une noble famille, des marches du Nord, dont pour consolider la frontière, on les a mariés. Iliu, qui a toujours été coureur, lui a fait trois gamins en suivant, dont elle ne contrôle que partiellement l'éducation, car il n'a pas confiance en elle pour les élever (ambiance - et il faut toujours sourire en public). Il m'a proposé lors de la naissance de l'ainé de participer à son éducation (participer seulement, pour en faire un souverain progressiste je suppose?). J'ai décliné. Je tenais à détester leurs enfants.
Cette pauvre reine (pour être exacte, Iliu est odieux) s'appelle Kali Indra. Elle ne peut même pas avoir d'amants, car Iliu est très regardant. Lui peut aller où il veut, n'est-ce pas, le roi est partout chez lui, mais la reine est réservée à l'usage privé du roi dans un but purement, disons, politique. On lui demande de faire des gosses, de paraître en cérémonie et c'est tout.
Je crois qu'elle est passé, les premières années, par une phase sérieuse, "je me sacrifie pour mon devoir". Elle se disait qu'à condition d'être sérieuse, elle aurait au moins la satisfaction subséquentes aux visites de mon frère. Mais Iliu la trouve bête et moche et il a cessé ses visites au troisième gamin. Résultat : Kali se rabat sur la domesticité féminine et sur quelques patriciennes expertes, ce qui n'est pas sans danger. Elle a eu une amie très proche qui a disparu; je crois que je sais comment, sans certitude; c'est une intervention de Sura. Elle s'est liée avec une magicienne qui lui a procuré des drogues et des jouets utilisés dans les lupanars des quartiers sud. Elle m'en a un jour parlé avec enthousiasme, il y a quatre ans, aux bains. Elle venait de découvrir qu'on peut se passer des hommes. Or, c'est un sujet qui se discute. La satisfaction sexuelle, c'est une chose; mais Kali a besoin d'un mari, ou d'un amant à défaut. Le jour où elle découvrira que tout le monde l'a sacrifié à des intérêts politiques, ce jour-là elle sera peut-être, je ne dirais pas dangereuse, mais encombrante. Comme elle n'est pas très intelligente, elle ne le comrepndra peut-être jamais.
Je n'aime pas du tout Kali, même si j'ai pitié d'elle; on n'a pas le droit d'être aussi bête.

Iliu a une maîtresse, qu'il trompe aussi, mais rien à voir avec Kali. Elle s'appelait Titi, étant d'un milieu populaire, il l'a rebaptisé Ita Salim, et elle n'a aucun besoin de quoi que ce soit, elle a tout ce qu'elle veut. Ce qui est charmant, bien que Kali l'ignore, c'est qu'elle compense les infidélités de son royal amant par la fréquentation régulière des jeunes recrues de la garde. Iliu le sait, mais alors que la reine doit se garder à l'usage exclusif du roi et que celui-ci ne pourrait souffrir que la place ait pu être partagée, Ita peut, sans provoquer autre chose que des scènes de jalousie, offrir à tout le monde ce qui pourtant constitue son principal atout auprès du roi. Ita a le droit de se distraire. Et, mieux, comme me l'a un jour dit Iliu à la fin d'une fête : "D'ailleurs on s'en fout de ce qu'elle fait avec son c.., c'est rien d'autre qu'une p...! après tout".
Ita est très belle, et surtout elle a du charme. Elle passe au moins deux heures par jour aux bains, avec une équipe de caméristes qui s'occupe de son corps, et c'est là que les jeunes recrues de la garde la rencontrent parfois dans des salles réservées; ambiance assez ollé-ollé; elle passe deux heures par jour dans la salle de sport (pas seulement pour faire du repérage). Elle inaugure et se déplace beaucoup, et dans des trucs plus funs que la pauvre Kali, vouée aux ambassades étrangères et aux intronisations officielles, avec discours et petits fours secs.
Ita est très intelligente, et Iliu n'est pas assez bête pour la sous-estimer; c'est peut-être pour cela qu'il la laisse fréquenter les recrues? Elle lui donne souvent des conseils. Sa chambre communique directement, par le réseau interne, avec le bureau du roi.
J'ai trois autres belles -soeurs, dont je parlerai plus tard.

Aucun commentaire: